La revue Prescrire publie sa liste noire des médicaments à éviter

De Medscape France - Auteur : Aude Lecrubier - 1 février 2013

 

Paris, France-Dans un dossier spécial de son numéro de février, la revue «Prescrire» dévoile sa liste des «médicaments à écarter pour mieux soigner» [1].

« En France, début 2013, trop de médicaments à balance bénéfices-risques défavorable restent commercialisés. Les autorités de santé n'ont pas fait leur travail de protection des patients en autorisant ou en laissant ces médicaments plus dangereux qu'utiles sur le marché malgré des signaux d'alerte manifestes », indique la revue indépendante.

La rédaction a donc établi sa propre liste noire en s'appuyant sur les analyses publiées dans la revue de 2010 à 2012. Au final, elle comporte plusieurs dizaines de médicaments dans de nombreux domaines de la médecine. La cardiologie, la psychiatrie et la rhumatologie sont particulièrement touchées.

Le comité de rédaction de Prescrire demande le retrait du marché de ces spécialités dans les plus brefs délais. Aura-t-il gain de cause ? Une chose est sure, en tout cas, c'est que les réactions à la lecture de cette nouvelle liste ne devraient pas se faire attendre.

Les critères de sélection de Prescrire

La rédaction de la revue Prescrire a érigé sa liste sur les critères suivants :

« D'autres options plus favorables existent. Parfois, dans certaines situations, un médicament n'est pas le meilleur choix » ;

« Médicaments anciens dont l'utilisation est dépassée, car d'autres ont une balance bénéfices-risques plus favorable » ;

«  Médicaments récents dont la balance bénéfices-risques s'avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ;

«  Médicaments dont l'efficacité n'est pas prouvée au-delà d'un effet placebo, et qui exposent à des dommages disproportionnés ;

« Associations à doses fixes, qui cumulent l'exposition aux effets indésirables et aux interactions des médicaments qui les composent, sans apporter de gain notable d'efficacité. »

 

La liste noire par spécialités : Ketum, Motilium, Vastarel, Stablon, Valdoxan, Zyban…

Cardiologie

  • L'aliskirène (Rasilez®);
  • le fénofibrate (Lipanthyl® ou autre), le bézafibrate (Befizal®) et le ciprofibrate (Lipanor® ou autre);
  • l'ivabradine (Procoralan®);
  • le nicorandil (Adancor® ou autre) ;
  • la trimétazidine (Vastarel® ou autre) ;
  • les "vasodilatateurs", particulièrement ceux dérivés de l'ergot de seigle, utilisés dans les "déficits cognitifs neurosensoriels liés à l'âge" : la dihydroergocryptine (dans Vasobral®), la dihydroergocristine (Iskédyl®), la dihydroergotoxine (Hydergine®), la nicergoline (Sermion® ou autre);
  • l'association à doses fixes cafédrine + théodrénaline (Praxinor®) ;
  • la triple association à doses fixes amlodipine + valsartan + hydrochlorothiazide (Exforge HCT®) .

Cancérologie-hématologie

  • Le catumaxomab (Removab®) ;
  • le panitumumab (Vectibix®) ;
  • la trabectédine (Yondelis®) ;
  • le vandétanib (Caprelsa®) ;
  • la vinflumine (Javlor®).

Dermatologie-Allergologie

  • Le tacrolimus dermique (Protopic®) ;
  • la méquitazine (Primalan®) ;
  • la prométhazine injectable (Phenergan®).

Diabétologie-Nutrition

  • Les inhibiteurs de la dipeptidyl peptidase 4 (DPP-4), alias gliptines) tels que la saxagliptine (Onglyza®), la sitagliptine (Januvia®, Xelevia®) et la vildagliptine (Galvus®) ;
  • l'orlistat (Xenical® ou autre).

Gynécologie

La tibolone (Livial®).

Gastro-entérologie

  • La dompéridone (Motilium® ou autre) ;
  • le prucalopride (Resolor®).

Infectiologie

  • La moxifloxacine (Izilox®) ;
  • la télithromycine (Ketek®).

Neurologie

  • La flunarizine (Sibelium®) et l'indoramine (Vidora®) ;
  • le natalizumab (Tysabri®) ;
  • la tolcapone (Tasmar®).

Psychiatrie et dépendance

  • l'agomélatine (Valdoxan®) ;
  • la duloxétine (Cymbalta®) ;
  • le milnacipran (Ixel® ou autre) ;
  • la tianeptine (Stablon®) ;
  • la venlafaxine (Effexor® LP ou autre) ;
  • l'asénapine (Sycrest®) ;
  • l'étifoxine (Stresam®) ;
  • le méprobamate ;
  • la bupropione (Zyban®) ;
  • la varénicline (Champix®).

Pneumologie-ORL

  • L'almitrine (Vectarion®) ;
  • la pholcodine ;
  • les décongestionnants vasoconstricteurs par voies orale et nasale (l'éphédrine, la naphazoline, l'oxymétazoline, le pseudoéphédrine et le tuaminoheptane) ;
  • l'omalizumab (Xolair®) ;
  • la pirfénidone (Esbriet®) ;
  • le tixocortol (associé avec la chlorhexidine dans Thiovalone®).

Douleur

  • les coxibs: le célécoxib (Celebrex®), l'étoricoxib (Arcoxia®) et le parécoxib (Dynastat®) ;
  • la floctafénine (Idarac®) ;
  • le kétoprofène en gel (Ketum® gel ou autre) ;
  • le néfopam (Acupan® ou autre) ;
  • le nimésulide (Nexen® ou autre) ;
  • le piroxicam (Feldène® ou autre).

Ostéoporose 

  • le dénosumab (Prolia®) ;
  • le strontium ranélate (Protelos®) ;
  • le tériparatide (Forsteo®).

Arthrose

  • la diacéréine (Art 50® ou autre) ;
  • la glucosamine (Voltaflex® ou autre).

Divers rhumatologie

  • le méthocarbamol (Lumirelax®) ;
  • thiocolchicoside (Coltramyl® ou autre) ;
  • la quinine (Hexaquine®, Okimus®, Quinine vitamine C Grand®) ;
  • la spécialité Colchimax® (colchicine + poudre d'opium + tiémonium) ;
  • l'association dexaméthasone + salicylamide + salicylate d'hydroxyéthyle (Percutalgine®) (n° 345 p. 505), et l'association prednisolone + salicylate de dipropylène glycol (Cortisal®).

Pour plus de détails consulter le dossier complet en libre accès.