VITAMINE K2 ET RIGIDITÉ DES ARTÈRES
Article repris du site « NatureSciencesSanté » (14 mai 2018)
Augmenter la consommation de vitamine K2 pourrait aider à réduire la rigidité artérielle et, donc, le risque de mortalité par maladie coronarienne.
L’accumulation du calcium dans les parois des artères est régulée par un processus impliquant une protéine, la protéine GLA matricielle dont l’activation dépend de la vitamine K. Une fois activée, elle se lie au calcium, l’empêchant ainsi de se déposer dans les parois des artères.
La calcification des artères, un marqueur de la santé cardiovasculaire
Chaque cellule de l’organisme a besoin du calcium. Celui-ci est ainsi nécessaire, dans les artères, au fonctionnement des muscles lisses. Les processus métaboliques normaux utilisent le calcium dont ils ont besoin et éliminent l’excédent hors de l’organisme.
La calcification des artères est un processus lent qui se développe pendant plusieurs années. Lorsque la calcification des cellules qui recouvrent la paroi des vaisseaux sanguins devient excessive, la rigidité et la fragilité des artères peuvent augmenter jusqu’à gêner la circulation du sang et accroître ainsi le risque cardiovasculaire.
Le degré de calcification artérielle est un indicateur de la santé cardiovasculaire. Des études réalisées sur de larges groupes de population montrent que des personnes jeunes, présentant une calcification artérielle importante, sont généralement biologiquement plus vieilles que leur âge chronologique. A l’inverse, des personnes âgées, avec peu ou pas de calcification, pourraient déduire jusqu’à dix ans de leur âge réel.
La calcification, un processus réversible
Il y a encore relativement peu de temps, on pensait que la calcification des artères était un phénomène normal lié au vieillissement et qu’il était irréversible. On sait maintenant qu’il est possible de l’inverser.
Un certain nombre d’études montrent que des apports insuffisants en vitamine K2 accélèrent la calcification des artères. Restaurer des taux adaptés de vitamine K2 pourrait donc inverser cette calcification.
L’étude dite de Rotterdam montre qu’une consommation élevée de vitamine K2 –mais pas de vitamine K1- a un solide effet protecteur sur la santé cardiovasculaire. Consommer des aliments naturellement riches en vitamine K2 (au moins 32 µg par jour) générait une réduction de 14 % de la calcification artérielle et de la mort par maladie cardiovasculaire ainsi qu’une diminution de 25 % de la mortalité quelle qu’en soit la cause.
Dans un essai clinique portant sur 564 femmes ménopausées, la consommation de vitamine K2, mais pas celle de vitamine K1, a été associée à une diminution de la calcification des artères.
Ces résultats sont confirmés par une étude portant sur 244 femmes ménopausées en bonne santé. La prise quotidienne de180 µg de ménaquinone-7 pendant trois ans a diminué la rigidité de leurs artères. La supplémentation s’est révélée plus efficace chez les femmes ayant une rigidité artérielle importante.
Note : La prise de vitamine K1 et/ou K2 est déconseillée en cas de traitement anticoagulant.
Les apports en vitamine K
Sous le terme vitamine K, on trouve un groupe de substances apparentées solubles dans les graisses (liposolubles) : la vitamine K1 ou phylloquinone, connue pour son rôle dans la coagulation et la vitamine K2 qui englobe un ensemble de molécules appelées ménaquinones (MK4 à 14). La numéro 7 semble être la ménaquinone dont la biodisponibilité et l’activité sont les plus élevées.
L’alimentation, même lorsqu’elle est diversifiée et équilibrée, ne semble pas couvrir les besoins de l’organisme en vitamine K. En fait, depuis les années cinquante, sa consommation semble avoir graduellement diminué.
Les principales sources de vitamine K1 sont les légumes à feuilles vertes comme les épinards, les brocolis, les asperges. Ils apportent en moyenne 100 µg de vitamine K1 pour 100 grammes. On trouve de la vitamine K2 dans les produits laitiers, les œufs, l’anguille et les poissons plats et, principalement dans le natto, un plat typiquement japonais à base de soja fermenté. L’alimentation occidentale apporte peu de vitamine K2. Dans l’intestin, lorsque le microbiote est en équilibre, des bactéries produisent de petites quantités de vitamine K2.
Geleijnse JM etal., Dietary intake of menaquinone is associated with a reduced risk of coronary heart disease : The Rotterdam Study. J Nutr 2004 ; 134(11) : 3100-5.
Beulens JW et al., High dietary menaquinone intake is associated with reduced coronary calcification. Atherosclerosis. 2008.
Menaquinone-7 supplementation improves arterial stiffness in healthy postmenopausal women. A double-blind randomised clinical trial. Thromb Haemost 2015 May ; 113(5) : 1135-44.